L'Italie face à l'ogre black...

"Dans le sport, les choses impossibles n'existent pas." A quelques heures de défier les All Blacks sous le chaud soleil marseillais, c'est un Bortolami apparemment confiant qui faisait part vendredi de son état d'esprit devant la presse à l'issue du dernier entraînement. Coup de bluff de la part du capitaine de la Squadra Azzurra ou vraie confiance dans le potentiel d'un groupe sorti plutôt conforté dans ses certitudes par deux mois de préparation?

Le terrain livrera sa vérité samedi, mais une chose est sûre: dans le camp transalpin, à défaut de croire en un exploit improbable, on rêve de se montrer sous son meilleur jour et surtout d'éviter les déculottés d'antan face aux All Blacks, comme le 101-3 de la Coupe du monde 1999 ou le 70-7 de celle de 2003. Des "cartons" qui, espère le manager et ancien joueur Carlo Checcinato, font partie du passé. "Notre équipe a mûri et nous avons davantage d'expérience, cela s'est vérifié ces dernières années, avec des résultats obtenus qui auraient été impossibles à viser par le passé."

Bortolami: "Défendre comme des acharnés"

Le manager pense bien évidemment au dernier Tournoi des VI Nations qui a vu la Squadra remporter pour la première fois deux succès, en Ecosse et à Rome face au Pays de Galles. Reste que pour son entrée en matière, la formation italienne a tiré le gros lot, elle dont l'objectif en France est de décrocher une historique et inédite qualification pour les quarts de finale, ce qui passe par la deuxième place d'un groupe C également composé de la Roumanie, du Portugal et de l'Ecosse, prochains adversaires (dans l'ordre chronologique) des partenaires de Bortolami. Lorsqu'on lui demande si finalement, ce n'est pas la pire des situations d'entamer un tel tournoi par l'ogre néo-zélandais, Pierre Berbizier répond: "Débuter contre les All Blacks, c'est quand même un privilège. On veut essayer d'être à la hauteur de l'adversaire et de l'événement, on veut montrer aux Marseillais, aux Français, à nos supporters et aux Néo-Zélandais qu'il y a aussi l'équipe de l'Italie sur le terrain."

Et pour remplir cette mission, l'ancien coach du XV de France, demi-finaliste en 1995 à la tête des Bleus, a décidé de jouer le coup à fond, preuve de sa foi dans le potentiel de ses troupes, en alignant un quinze de départ avec toutes ses forces vives, des frères Bergamasco à Bortolami en passant par Troncon, Parisse ou Bortolussi. Et même s'ils savent qu'ils ont une infime chance de l'emporter, les Transalpins ne semblent absolument pas résignés, à l'image de Bortolami: "On s'attend à un match très dur et nous essaierons de faire de notre mieux. On espère franchement faire un bon résultat. Nous allons nous battre sur tous les points. Sur les phases statiques, nous essaierons de leur mettre la pression et allons défendre comme des acharnés."

McCaw: "Emmagasiner de la confiance d'entrée"

Il faudra bien cela pour contrarier les desseins d'une formation néo-zélandaise qui s'annonce comme la grandissime favorite de cette sixième Coupe du monde, elle qui court derrière le titre suprême depuis la première édition, remportée à domicile en 1987 face à l'équipe de France... de Pierre Berbizier. Car que ce soit sur le papier ou sur le rectangle vert, ces All Blacks font peur, eux qui se sont payé le luxe de mettre tous leurs internationaux au repos cette saison dans le Super 14 pour mieux préparer ce rendez-vous mondial. Et à voir l'impressionnant diamètre des biceps, cous, mollets et autres cuisses de Kelleher et de ses comparses, on se doute bien que la préparation physique des "Men in black" a été poussée à fond et que rien n'a été laissé au hasard par les Néo-Zélandais qui, après avoir laminé la "France B" en juin, ont remporté une fois de plus le Tri-Nations en juillet.

Depuis, les Kiwis n'ont plus joué, ce qui ne semble pas perturber outre-mesure l'entraîneur Graham Henry: "C'est toujours la même chose lorsqu'on débarque en Europe (pour les tournées d'automne, ndlr) , on sera peut-être un peu rouillé au début mais on va vite se mettre en route. Le tournoi dure 47 jours, on va monter en puissance." Une phrase qui en dit en tout cas long sur la confiance qui anime l'ancien patron du Pays de Galles, d'ores et déjà tourné vers la finale du 20 octobre. Reste que quelques grains de sable sont venus ces derniers jours dérégler la belle machine black avec notamment les blessures de Robinson, Smith et Thorne, alors que la Coupe du monde n'a même pas débuté. De quoi affecter la confiance du groupe? Sans doute pas, les hommes de Graham Henry possédant un tel réservoir de talents que les remplaçants sont aussi bons que les remplacés qui plus est, lorsqu'ils sont arrivés à un tel niveau de préparation.

Reste que Richie McCaw la joue modeste au moment d'entamer le tournoi face à une équipe d'Italie qu'il estime en progrès: "Elle a montré lors du Tournoi des VI Nations qu'elle était compétitive, ce sera une bataille, un beau challenge pour nous et c'est important d'emmagasiner de la confiance d'entrée, d'autant qu'on n'a pas joué ensemble depuis longtemps." On le voit, ces All Blacks ne prennent pas ce premier rendez-vous à la légère, la Squadra Azzurra a intérêt à s'accrocher...